DOWNLOAD PARIS | Brétigny-sur-Orge | 9.10.11 juin 2017

lundi 26 juin 2017


Pour sa seconde édition en France, le Download Festival déménage de l’hippodrome de Longchamps (Paris) pour s’installer sur la Base Aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge (Essonne). Après avoir aligné IRON MAIDEN, KORN et RAMMSTEIN en tant que headliners pour sa première édition en 2016, la machine Live Nation propose cette fois-ci LINKIN PARK, SYSTEM OF A DOWN et GREEN DAY. Outre les similitudes globales que l’on retrouve avec la programmation du Hellfest, ce Download Paris a surtout le mérite de proposer le premier concert en France de PROPHETS OF RAGE, le super groupe qui rassemble des membres de RAGE AGAINST THE MACHINE, PUBLIC ENEMY et CYPRESS HILL (rien que ça). Mais en regardant l’affiche de plus près, on distingue également du beau monde issu des 4 coins des musiques extrêmes comme les coreux d’HATEBREED, les furieux du hardcore/noise CODE ORANGE et les thrashos de LOST SOCIETY.

Avant de parler musique, un petit retour sur l’organisation du festival s’impose. Globalement, Live Nation a pas trop mal géré son business (encore heureux de la part de ce géant de l’événementiel) et a manifestement tiré quelques leçons de sa première édition française (en particulier les files d’attente interminables). Cependant, on peut quand même nuancer le propos en pointant du doigt les couacs du weekend :
  • La file d’attente pour le camping était au beau milieu du parking 2 roues (celui qui avait laissé sa bécane à cet emplacement devait être ravi) ;
  • Le terrain du festival était boueux au possible le vendredi à cause d’un orage la veille, et l’orga n’a pas daigné mettre de la paille pour limiter la crasse sur les souliers de ses festivaliers ;
  • Les casiers du prestataire BigBoxBerlin n’étaient pas indiqués au bon endroit sur le plan du site et le point info n’a jamais su les localiser (alors qu’ils étaient à la seconde entrée…) ;
  • Le réseau pour recharger sa cashless sur l’application mobile était saturé (mais ça, c’est une constante en festival) ;
  • La gestion des flux pour vider les parkings le premier soir a tellement été mauvaise qu’il aura fallu 1h pour faire 50 mètres.

Le venin étant lâché, voyons voir ce qui ressort du cru 2017 pour ce Download Paris des plus ensoleillé (ou peut-être qu’on dit Download France, personne n'a l’air d’accord sur le sujet).


VENDREDI 9 JUIN

‡ THE CADILLAC THREE
Rare sont les groupes qui arrivent à allier la croon attitude du hard rock US moderne typé NICKELBACK/BLACK STONE CHERRY avec du stoner’n’roll façon CLUTCH, le tout avec un réel côté beatnik à la LEFT LANE CRUSER. C’est entraînant, carrément cool et redneck à souhait. La petite douceur qui fait plaisir pour démarrer efficacement ces 3 jours de festival, en particulier le titre « Tennessee Mojo » issu de leur premier album sorti en 2012.



‡ KVELERTAK
Quand KVELERTAK était passé au Zénith de Paris avec SLAYER et ANTHRAX en 2015, leur son était tellement ignoble que leur prestation s’est révélée des plus décevantes. Leur présence au Download est donc une bonne occasion de rattraper le tir, d’autant plus que les loustiques ont sorti l’excellent Nattesferd (Roadrunner Record) en 2016. Maciek Ofstad (guitare/chant) rejoint son micro sur des béquilles en trainant une petite patte folle et Erlend Hjelvik (chant) débarque avec son masque de chouette, qu’il conserve uniquement pour ouvrir sur « Dendrofil For Yggdrasil » (Nattesferd). Cette fois, le son est nickel (même s’il manque légèrement de pêche) et c’est parti pour envoyer du gros hit dans la face. En fait, la musique de KVELERTAK est tellement riche en référence qu’elle en devient difficilement descriptible. Leurs origines nordiques donnent un côté pagan/black metal des plus vindicatifs (« Berserkr » est une pépite tant elle est épique), en particulier au niveau du chant, des blasts et des mélodies, mais un « 1995 » tend largement plus vers le hard rock tubesque des 70’s façon THIN LIZZY. Les guitares sont grassouillettes et donnent un petit côté stoner (« Mjød » et « Evig Vandrar » de Meir sorti en 2013), mais quelques rythmiques punk hardcore çà et là donnent un coté punchy au combo (« Blodtørst » du premier album Kvelertak sorti en 2011). On a donc ici un excellent condensé de la discographie du groupe, qui est finalement une réelle machine à tube tant chaque compo possède sa petite mélodie entêtante. Le final hard rock « Kvelertak » (Kvelertak) ne déroge pas à la règle, avec un Erlend Hjelvik qui renforce l’identité visuelle nordique du groupe en agitant un drapeau noir avec une chouette entourant un livre. Au global, un petit best of pas piqué des hannetons qui fait réellement plaisir et qui montre que les norvégiens savent tirer parti de différentes influences pour faire un son qui leur est réellement propre.

Kvelertak Setlist Download France 2017 2017



‡ HATEBREED
Quand on voit HATEBREED pour la première fois en live, c’est presque un euphémisme que de dire qu’on se prend une tartine monumentale en plein visage. Le gang de Jamey Jasta (chant) a littéralement tout explosé sous l’unique tente du Download Paris, et c’est en les voyant qu’on comprend que ce sont eux qui ont réellement façonné le hardcore métallique depuis 1994. Ça ouvre sur le classique « To The Threshold » (Supremacy, 2006), et voilà que le pit se met déjà en ébullition sur les bûches irrésistibles qu’assène le combo. « Looking Down The Barrel Of Today » (The Concrete Confessional, 2016) renforce le propos en mettant en avant le phrasé de Jamey Jasta et « In Ashes They Shall Reap » (Hatebreed, 2009) est une branlée non négociable tant le titre est fédérateur. Le chorus « Born to bleed fighting to succed », lancé par le frontman et scandé par toute l’assemblée en est la preuve irréfutable. Jamey Jasta délivre quelques discours positifs typiques des concerts de hardcore et dédicace « Last Breath » (Satisfaction Is The Death Of Desire, 1997) au défunt leader d’AUDIOSLAVE Chris Cornell. Les moshparts sont systématiquement lancées avec des coups de sub bien vénères (un peu trop, peut-être), les 2-steps vont bon train et les circle pits sont légion. Il faut savoir que HATEBREED ne joue jamais avec une setlist préétablie, c’est la raison pour laquelle un concert des américains ne fait jamais l’autre. En effet, comme Frank Novinec (guitariste depuis 2006) l’explique dans son interview dans Metallian #95, Jamey Jasta annonce les morceaux en fonctions du public et le reste du groupe suit. Le classique « This Is Now » (The Rise Of Brutality, 2003) met absolument tout le monde d’accord, et c’est avec un pincement au cœur qu’on quitte HATEBREED pendant l’ultra rythmé « Destroy Everything » de Supremacy. En effet, GOJIRA enchaîne juste après sur la Main Stage 2, et le Download a eu la désagréable idée de ne même pas laisser 5 minutes de battement entre les groupes. Quoiqu’il en soit, HATEBREED reste la claque incontestable de ce Download Paris, et on pourra d’ailleurs les retrouver au Ieperfest (Ypres, Belgique) en août, ainsi qu’en tête d’affiche du Persistence Tour en janvier 2018.



‡ GOJIRA
La fierté nationale, nommée 2 fois aux Grammy Awards en février dernier dans les catégories « Meilleur album rock de l’année » (pour Magma) et « Meilleure performance métal » (pour le clip de « Stranded »), est très attendue en tant que headliner de la Main Stage 2. Fortement ovationné dès son entrée sur scène, GOJIRA démarre son set sur le très bon « Only Pain » (Magma). Joe Duplantier (chant) arbore un t-shirt CONVERGE (la pochette de Jane Doe), et avoir ses 2 groupes favoris dans le même champ de vision donne de fait une saveur toute particulière à ce show. Niveau setlist, GOJIRA joue finalement un condensé de sa prestation à l’Olympia (à lire ici). Magma est toujours mis à l’honneur, avec 6 titres de l’album que le groupe défend actuellement sur les routes. « The Shooting Star » est toujours la meilleure performance live de cette dernière galette, et l’outro de « Prey » reste bancal, bien que légèrement mieux cette fois-ci. Il y a fort à parier que « The Cell » ne sera pas maintenu bien longtemps après la tournée de l’album, les autres titres ayant largement plus d’impact. « Flying Whales », de l’incroyable From Mars To Sirius sorti en 2005, tape toujours autant dans le mille avec son diptyque cosmique, et ce n’est clairement pas pour rien que c’est un impondérable des landais depuis des années. De la même manière, le breakdown de « Remembrance » (The Link, 2003) à la fin de la machine à double kick « Backbone » (From Mars To Sirius) fait son petit effet. Il est d’ailleurs un peu revisité avec des couinements de guitare stridents, preuve que le groupe ne se repose pas sur ses acquis et travaille toujours ses morceaux. Comme un certain nombre d’artistes actuellement, Joe fait référence aux attentats qui ont touché le monde de la musique (le Bataclan, Manchester) et rend hommage à Chris Cornell. Son frangin Mario, quant à lui, a toujours droit à son heure de gloire avec son solo de batterie, et il serait peut-être finalement bon de squeezer cette séquence pour bénéficier d’un titre supplémentaire en festival. Visuellement, c’est un peu moins élaboré qu’à l’Olympia étant donné que le groupe joue de jour, mais les canons à fumé et les coups de lance-flamme captivent les pupilles. Sans grande surprise, GOJIRA fait donc le taff avec un son en open air impeccable. Dommage cependant que la setlist fasse redite avec leur dernier passage à Paris.

Gojira Setlist Download France 2017 2017, MAGMA



‡ LINKIN PARK
LINKIN PARK incarne presque à lui-seul le nü metal radio edit des années 2000. Qu’on le veuille ou non, les deux premiers albums Hybrid Theory (2000) et Meteora (2003) sont bourrés de classiques et le groupe avait même collaboré par la suite avec un certain JAY-Z pour proposer des mash up ambitieux sur Collision Course (2004). Qu’en est-il aujourd’hui ? En fait, LINKIN PARK est devenu une espèce de bête immonde à mi-chemin entre MICKLEMORE & RYAN LEWIS et COLDPLAY. Ce groupe, qui avait son identité propre il y a presque 20 ans n’est plus que l’ombre de lui-même et verse désormais de la pop insipide. Au bout des 3 premiers titres, c’est tellement indigeste que la tentative d’avoir une petite madeleine de Proust décente devient vaine. Du coup, pas le temps de niaiser et direction NOSTROMO.

Linkin Park Setlist Download France 2017 2017, One More Light



‡ NOSTROMO
La reformation de NOSTROMO après 11 ans de split est une aubaine pour ceux qui n’ont pas connu le groupe en activité entre 1996 et 2005. C’est surtout l’occasion de se dire qu’on est réellement passé à côté de quelque chose. Leur mathcore/grindcore est absolument destructeur et on comprend tout de suite d’où vient l’influence des groupes qui fait dans le brutal technique par la suite. C’est direct en pleine face, tout en étant incroyablement saccadé (« Epitomize » de leur EP Eyesore sorti en 2000), et ça envoie des tonneaux de 12 litres sur des breaks de double pédale assassins (« Collapse » du même EP). La minuscule Spitfire Stage est réellement en ébullition, et ça se castagne cruellement dans le pit. Outre l’humour carnassier du hurleur Javier (« Salut, on s’appelle LINKIN PARK ! »), les suisses n’oublient pas de saluer leurs potes de GOJIRA pour qui ils ont ouvert en janvier lors des premières dates françaises du Magma Tour. Le dernier titre, quant à lui, est dédicacé à Mieszko de NASUM (décédé en 2004 lors du tsunami qui a ravagé la Thaïlande - merci Wikipédia) et n’est autre qu’un cover de leurs frères d’arme. Forcément, ça balance une rafale phénoménale de blasts dans le cerveau, et ça conclue efficacement la gifle qui vient de s’écraser sur les tympans d’un public qui s’est régalé. Et comme dirait Jéjé (guitare) en milieu de set : « A la bonne vôtre ! »



SAMEDI 10 JUIN

‡ PROJECT BLACK PANTERA
La petite découverte du samedi nous vient tout droit du Brésil et propose un trio de metal tribal des plus alternatifs. De fait, on pense un peu à leurs icônes locales SEPULTURA et SOULFLY (pour le côté primaire), mais PROJECT BLACK PANTERA nuance quand même son propos en mettant plus de souplesse dans ses compos et en rajoutant un côté roots metal à la SKINDRED. Les frontmen (deux blacks plutôt tankés avec des dreads) sont super énergiques et ils semblent ravis de jouer en France. Quant au batteur, il paraît tout frêle à côté de ses collègues, mais il renforce tout de même l’identité visuelle du groupe en portant un masque d’Anonymous humanisé. Globalement, ça groove pas mal (surtout la basse) et ça déménage plutôt bien.


‡ CODE ORANGE
Impossible de savoir ce qui se passe dans la tête de ces américains d’à peine vingt piges, mais c’est incroyablement violent. Incarnation suprême du sheitan avec une dose de contamination maximale, CODE ORANGE délivre un hardcore/noise incisif, démoniaque et viscéral. Le groupe ouvre avec « Forever » et « Kill The Creator », les deux premiers singles de l’excellent Forever sorti en février dernier. D’entrée de jeu, c’est un appel aux pieds-tête et l’intensité est réelle, que ça soit dans leur son, sur scène ou dans le pit. En janvier, une spectatrice a d’ailleurs été victime d’un crowd killer durant leur show à Salt Lake City, et le groupe a aussitôt réagi en dénonçant la violence des faits. Néanmoins, le bassiste Joe Goldman, qui a largement pris de la masse musculaire depuis I Am King (2012), provoque constamment le public, et le second guitariste Dominic Landolina, qui a rejoint le groupe en début d’année, n’est pas vraiment en reste sur le sujet. Le chant de Jami Morgan (batterie) est terriblement agressif (encore plus qu’au Hellfest en 2015) et Eric Balderose (guitare/clavier/chant) semble toujours aussi dépressif, mais pas moins vindicatif. L’excellent titre pop « Bleeding In The Blur » (Forever) passe l’épreuve du live et permet de souffler un peu en milieu de set en mettant parfaitement en avant le chant clair de Reba Meyers (guitare). On prend une dernière sanction avant la fin du concert avec le très direct « I Am King » (I Am King), et on quitte CODE ORANGE avec le sentiment que ce groupe n’a clairement pas fini de faire parler de lui après cette punition radicale. Randy Blythe (LAMB OF OF GOD) et Corey Taylor (SLIPKNOT, STONE SOUR) reconnaissent en eux beaucoup de potentiel. Ils ont signé leurs deux premiers albums chez Deathwish (qu’ils ont enregistré avec Kurt Ballou de CONVERGE) et sont désormais chez Roadrunner Records. Ils ont tourné avec DEFTONES l’année dernière, GOJIRA cet automne et SYSTEM OF A DOWN cet été. Est-il vraiment nécessaire d’en dire plus pour foncer sur ces natifs de Pittsburgh, Pennsylvanie ?


‡ BLUES PILLS
Sur la Main Stage 2, l’ambiance change radicalement avec le stoner rock bluesy de BLUES PILLS. Il fait 30 degrés, le soleil est au zénith, et le combo suédois mené par la ravissante Elin Larsson (chant) plonge littéralement le public du Download dans les années 70. Ça sent Woodstock à plein nez, et ce ne sont pas les soli de Dorian Sorriaux qui diront le contraire. Le petit français de 21 ans a clairement bouffé du JIMI HENDRIX dans son biberon, et il semble bien décidé à assurer la relève avec ses potes nordiques. Niveau setlist, on a un beau mélange de leurs deux albums studio sortis chez Nuclear Blast, qui allient énergie rock (« Little Boy Preacher » et « You Gotta Try » sur Lady In Gold) et ballades blues (« Black Smoke » et « Little Sun » sur Blues Pills). Elin emporte complétement son auditoire avec sa voix soul et attire clairement tous les regards. Toujours en mouvement, elle accompagne régulièrement ses musiciens avec un tambourin ou des maracas, comme sur le titre très psychédélique « Elements And Things » (Lady In Gold). Etrangement, le combo ne fait pas son single phare « Lady In Gold », alors qu’ils l‘avaient joué à Rock en Seine l’année dernière (dont le report est à lire ici). Mais impossible de leur en vouloir parce que finalement, BLUES PILLS ça se mange comme du petit pain quoiqu’il arrive.

Blues Pills Setlist Download France 2017 2017, Lady in Gold


‡ TOUCHÉ AMORÉ
La chaleur est toujours aussi suffocante, et le post-hardcore mélancolique de TOUCHÉ AMORÉ ne tombe pas vraiment à point nommé. Pas facile donc de rentrer dans leur univers pourtant très chargé en émotion, si ce n’est pour trouver un coin d’ombre sous la tente de la Warbird Stage. Le problème avec ce genre de groupe, c’est que si on ne rentre pas dedans, ça devient rapidement très chiant. Le pari avait été réussi au Ieperfest en 2015, mais là c’est raté.

Touché Amoré Setlist Download France 2017 2017, Stage Four


‡ AQME
Le hasard a voulu que AQME débarque sur la Spitefire Stage pendant que j’attendais patiemment pour aller faire une vidange et remplir ma gourdinette. Le combo commence son set avec « Avant le jour » (issu de Dévisager Dieu sorti en 2014) et dès lors, l’envie que la file d’attente diminue rapidement devient de plus en plus pressante. N’ayant jamais vraiment apprécié ce groupe de la Team Nowhere, et malgré un certain nombre de titres issus de leur premier album Sombres Efforts dont ils fêtent les 15 ans, ce concert est largement subi. Mais le public est plutôt réceptif et met pas mal le souk, donc tant mieux pour eux. « Si n’existe pas » passe au moment où j’ai fini mes petites affaires : je m’arrête un instant, regarde 5 minutes parce qu’elle est quand même un peu sympa, et boujou Berthe.


‡ SLAYER
Pour la deuxième année consécutive, SLAYER prêche la bonne parole en France en rejouant au Download et au Hellfest. Au concours du backdrop le plus imposant, les américains ont la palme avec leur cover en noir et blanc géante de Repentless (2016), encadrée par deux bannières toutes aussi charmantes. Le petit Jésus enflammé, entouré par ses démons, donne le ton et le sample de « Delusions Of Saviour » transporte directement le Download aux portes des Enfers. Les maîtres de cérémonie arrivent sur les dernières notes diaboliques de l’intro, et c’est parti pour l’avoine « Repentless », le gros carton de leur dernier album sorti l’année dernière. Vraie machine à headbangs, SLAYER est plus en forme qu’au Hellfest en 2016, et c’est vraiment plaisant de les voir. Malheureusement, et c’est une constante avec eux, Kery King a le volume à fond et on entend que très peu l’ex-EXODUS Gary Holt. Celui-ci a d’ailleurs troqué son beau t-shirt « KILL THE KARDASHIAN » pour un pentagramme satanique fort à propos. L’avantage avec SLAYER, c’est qu’on a toujours le droit à un beau petit best of de leur discographie bien fournie (11 albums au compteur, tout de même !). Sur CD, c’est généralement un peu lourd sur la durée (parce que redondant) mais en live, c’est la crème de la crème du thrash diabolique. Pas la peine de vendre la messe à son public avec des titres de son dernier album quand on peut lui envoyer dans la tronche un bon « Disciple » (God Hates Us All, 2001), lui donner un torticolis sur « War Ensemble » (Seasons Of The Abyss, 1990) ou balancer un « Postmortem » (Reign In Blood, 1986) conquérant. Tom Araya (basse/chant) est content d’être là et scande « Dead ! » au public avant de lancer l’énigmatique « Dead Skin Mask » (Seasons Of The Abyss). La fatigue commençant à faire son effet, le rappel s’apprécie tranquillement au fond du site avec le combo gagnant « South Of Heaven » (South Of Heaven, 1988), « Raining Blood » (Reign In Blood) et « Angel Of Death » (Reign In Blood). Les thrashos ont donc rondement mené leur show, et même si Tom Araya est relativement statique à cause de son dos (fini le headbanging), Kery King compense en secouant constamment son crâne avec frénésie. Il sera probablement difficile de faire mieux qu’au Zénith en 2015 (quel show !), mais SLAYER reste une machine imparable à voir au moins une fois dans sa vie.

Slayer Setlist Download France 2017 2017, Repentless


‡ SYSTEM OF A DOWN
La tournée 2017 de SYSTEM OF A DOWN est un petit évènement en soit étant donné que le groupe n’a pas sorti de nouvel album depuis son doublet Mezmerize/Hypnotize en 2005. Ils étaient quand même revenus dans nos contrées en 2011 pour pulvériser Bercy avec un excellent show, et ils avaient refoulé les terres d’Île-de-France en 2013 en tête d’affiche de Rock en Seine. 4 ans plus tard, ils sont de retour et c’est la même recette qu’en 2011 : SYSTEM OF A DOWN déroule 30 morceaux de son metal alternatif indescriptible, et c’est carrément mortel. Chaque fois qu’un titre de Toxicity (2001) démarre, les premières notes font comme l’effet d’une bombe et c’est le jackpot. Le premier morceau à produire cet effet est l’opening de l’album « Prison Song » et son intro saccadée : dès le premier coup de guitare, on enfile son vieux baggy de collégien, on branche ses écouteurs et on va faire de la planche à roulettes sur les trottoirs de sa ville en secouant ses cheveux longs. Même punition avec « Needles », « Deer Dance », « Bounce » et « Psycho » : ça envoie vraiment du lourd, c’est archi bourrin et on se redit une fois de plus que ce Toxicity est vraiment un album excellent. « Violent Pornography » et « Radio/Video » de Mezmerize rappellent quant à elles les origines arméniennes du groupe avec leurs sonorités orientales, et c’est l’occasion pour Daron Malakian (guitare/chant), qui porte un grand chapeau haut-de-forme pour l’occasion, de faire ses élucubrations. Même le titre radio edit « Lonely Day » de Hypnotize passe super bien. Pour « Chop Suey ! » (Toxicity), pas besoin de faire un dessin : ce tube parmi les tubes est repris en sing along par un Download qui s’époumone en y mettant toute son âme. Pas besoin de simuler un rappel pour faire un ending de qualité : de toute façon tout s’enchaîne sans temps mort. Le schizophrénique « B.Y.O.B. » (Hypnotize), la ballade intemporelle « Toxicity » (Toxicity, 2001) et le très bon « Sugar » (System Of A Down, 1998) terminent donc 1h30 d’un show qui s’est déroulé à une vitesse incroyable. Là où un LINKIN PARK s’est fourvoyé en tentant de justifier une évolution musicale manifestement assumée, SYSTEM OF A DOWN se rapproche plus de l’esprit d’un TWISTED SISTERS en faisant ce qu’on attend de lui : jouer ses titres phares sans nous la faire à l’envers avec une nouvelle sortie dont personne ne veut vraiment. Mais un album est manifestement en préparation pour la fin de l’année, et après une pause studio aussi longue et un troisième réunion tour, il n’y a plus qu’à espérer que le groupe soit réellement inspiré pour sortir une galette de qualité. Au regard de leurs dernières prestations qui font la part belle à l’ensemble de leur discographie, on peut supposer que SYSTEM OF A DOWN est toujours enclin à faire dans le bourrin et le bipolaire, et c’est tant mieux. Wait and see, comme on dit.

System of a Down Setlist Download France 2017 2017, 2017 European Tour


DIMANCHE 11 JUIN

‡ ASTROID BOYS
La palme de la déception pour ce Download 2017 est attribuée au groupe ASTROID BOYS. Leur titre aguicheur « Dusted » laissait pourtant espérer un show des plus énergiques, un peu dans la veine fusion avec un côté DOPE D.O.D. en prime. Mais finalement, c’est un cliché hip-hop bas de gamme qui s’est révélé sur la Spitfire Stage en ce début d’après-midi. Le DJ ouvre le set avec un sample rap/électro moderne des plus poussifs et anime le public comme s'il était en boîte de nuit. Après 5 minutes qui paraissent interminables, le show commence enfin et prend une tournure de fête à la saucisse quand les musiciens débarquent. Les deux MC’s aboient sur les intrus du DJ susmentionné et le son est appuyé par un batteur et un guitariste. Ces deux derniers sont supposés donner plus de volume à la prestation en rajoutant cette fameuse touche fusion, mais l’ensemble est tellement dominé par le chant des deux MCs que ça en devient incroyablement brouillon, voire agressif. Une fausse promesse qui laisse un goût amer. Dommage, sur le papier ça sonnait bien.


‡ RISE OF THE NORTHSTAR
Les plus nippons des parisiens profitent de cette seconde édition du Download pour clôturer le cycle de leur premier album Welcame sorti en 2015 chez Nuclear Blast. Même s’il est surprenant de les retrouver sur une Main Stage, force est de constater que RISE OF THE NORTHSTAR est fermement attendu à en juger la horde de furyos qui les attend. Avec leurs étendards de samouraï et leurs sapes, le visuel est sans appel et reste fidèle à l’esprit du groupe : c’est bien un gang sorti tout droit de Great Teacher Onyzuka qui vient nous balancer un hardcore des familles thrashisé et boosté à la culture du pays du Soleil Levant. Le set commence avec le très direct « Again And Again » (Welcame) et même si Vithia peine un peu au chant, le public reprend savamment les chorus guerriers du refrain. Dans la même lignée, « Samuraï Spirit » fait réellement un carton plein et reste l’un des meilleurs morceaux de leur dernier album. Le clip du titre est d’ailleurs incroyablement couillu : faire un couplet de metal hardcore dans une armure de samouraï, fallait vraiment oser. « Welcame (Furyo State Of Mind) » (Welcame) a un côté très street avec son refrain groovy et son couplet qui n’est pas sans rappeler PLEYMO à l’époque de Keçkispasse? (1999). Mais c’est en réalité un leurre pour mieux attirer ses victimes dans un d-beat thrash assassin pour ensuite les achever à grand coup de Kikohô dans un beatdown massif des plus mortels. Lorsqu’il s’agit de faire hurler les foules sur des onomatopées à consonance asiatiques, RISE OF THE NORTHSTAR maîtrise sa copie et tout le Download révise de fait son bushidô sur « Demonstrating My Saiya Style » (issu de leur EP sorti en 2012). Mais les parisiens ne sont pas en reste avec le hardcore plus traditionnel et offrent une séance gratuite de kung-fu sur « What The Fuck » (Welcame) avec un 2-step des plus familiales et un down tempo à soulever les foules. L’entraînement de karaté prend fin avec l’irrésistible « Bosozoku » (Welcame) : c’est thrash dans les soli, fédérateur dans le refrain, et ça met à peu près tout le monde d’accord. Alors ok, RISE OF THE NORTHSTAR a ce petit côté branleur qui a tendance à diviser les fans de hardcore, mais ils ont quand même le mérite de s’être forgé une identité à la fois forte, personnelle et cohérente. Dans tous les cas, ça reste ultra efficace et leur côté thrash de plus en plus prédominant va dans le bon sens. Ce dernier concert estival est d’ailleurs l’occasion pour Vithia d’annoncer qu’ils enregistreront leur prochain album cet automne à New York, avec « un certain Joe Duplantier » (GOJIRA). L’univers des 2 groupes étant radicalement différent, le prochain album de RISE OF THE NORTHSTAR risque d’être surprenant.

Rise of the Northstar Setlist Download France 2017 2017


‡ SUICIDE SILENCE
Depuis la mort de Mitch Lucker en 2012 des suites d’un accident de moto, c’est Hernan « Eddie » Hermida, le frontman de ALL SHALL PERISH, qui tient le micro chez SUICIDE SILENCE. Même si les capacités vocales de ce dernier ne sont pas à démontrer, c’est peu de chose que de dire que le chant et la prestance de Mitch ont forgé l’identité des californiens et que de fait, passer après lui relève du challenge. Avec Eddie sur You Can’t Stop Me (2014) et Suicide Silence (2017), SUICIDE SILENCE a finalement perdu toute la saveur de son deathcore/metalcore originel et agressif, même s’il est vrai qu’ils s’étaient déjà adoucit avec The Black Crown (2011). C’est donc avec une certaine curiosité, mais surtout beaucoup d’appréhension, que je suis allé voir ce que les américains arrivent à sortir en live. Ça commence plutôt bien avec la bombe à breakdown deathcorienne « You Only Live Once », issu du dernier album enregistré avec Mitch The Black Crown. Eddie fait à peu près le taff mais adoucit quand même certaines parties de chant, le tout sur une rythmique qui semble plus lente que sur l’album. On peut dire que ça passe, mais la suite fait déchanter aussi sec. « Doris », le single de Suicide Silence sorti en début d’année, est une vraie purge. Musicalement, c’est pas vraiment inspiré mais surtout, le chant d’Eddie est un réel carnage, en particulier sur le refrain où il tente des choses incompréhensibles dans les aigues. Réelle hécatombe sonore, il n'en faut pas vraiment plus pour comprendre le nouveau parti-pris du groupe sur son orientation musicale. C'est dommage parce que sur les morceaux des anciens albums, SUICIDE SILENCE s’en sort à peu près, même si ça semble plus lent. Mais sur la période avec Eddie, non merci.


‡ LOST SOCIETY
Pour prendre sa petite tartine de thrash crossover par des gamins de 20 ans, ça se passe du côté de la Spitfire Stage. Avec 3 albums sortis chez Nuclear Blast, LOST SOCIETY est clairement la puissance émergente du genre et rend toutes ses lettres de noblesse à l’expression « play fast ». La sentence est irrévocable d'entrée de jeu avec  « KILL (Those Who Oppose Me) » (Fast Loud Death, 2013), une boucherie thrash des plus jouissives. Sabby El Banna et Arttu Lesonen se disputent les soli avec une précision remarquable et font admirablement saigner leurs guitoches en mode old school. « Hollow Eyes », issu de leur dernier album Braindead (2016), fait redescendre la pression avec une rythmique plus lente et cette mélodie qui rappelle le thème principal de la Famille Adams. Sur scène, les finlandais ont sacrément la patate et Sabby El Banna avoue être ravi de rejouer en France sous un soleil plombant. Il en profite également pour mettre le public du Download à l'épreuve, le mettant au défi de faire un circle pit autour de la sono pour le très speed « Terror Hungry » (Terror Hungry, 2014). Il faut avouer qu’il n’y a pas un monde fou devant la petite scène et même si la manœuvre est de taille respectable, l’objectif n’est pas atteint. Toujours est-il que le titre est d’une efficacité sans pareil, très similaire au crossover de MUNICIPAL WASTE (peut-être un peu trop, mais quand on aime on ne compte pas). Le timing n’étant pas à l'avantage de LOST SOCIETY, on quitte avec regret les jeunes pousses sur le mid-tempo de « I Am The Antidote » (Braindead) pour aller voir les pères fondateurs du côté de la Main Stage 1. La leçon a tout de même été donnée, et ça n’est que partie remise.


‡ SUICIDAL TENDENCIES
Depuis la sortie de World Gone Mad en 2016, SUICIDAL TENDENCIES est constamment sur les routes. Même s’ils ne sont pas passés en hexagone pour le Persistence Tour (live report de Torhout à lire ici), on peut dire qu’ils ont pas mal poncé l’Europe par la suite. A 17h, cette légende du crossover ouvre donc le bal d’un revival punk aussi large qu’ambitieux qui va animer la Main Stage 1 jusqu’à la fin de cette édition 2017 du Download France. Le traditionnel « You Can’t Bring Me Down » (Lights... Camera... Revolution!, 1990),  démarre et contrairement à d’habitude, les californiens jouent l’intro en live. Dean Pleasants balance ses petites mélodies du bout des doigts avant qu’un black estampillé ST débarque sur scène pour chauffer l’assemblée. Dès lors, l’ex-SLAYER Dave Lombardo, lunettes de soleil au pif, écrase ses toms sur les pèches d’appel et l’imposant Ra Diaz ballade déjà sa basse aux 4 coins de la Main Stage 1. Le grand Mick Muir se met à l'écart, fait monter la pression en stimulant le public du regard, puis balance son gimmick tant attendu : « What the fuck is going on around here ? » C’est parti, les fauves sont lâchés, et c’est tout le soleil du crossover californien qu’on se prend dans les dents. Mais contrairement au Persistence Tour, Mick Muir est d’entrée de jeu à bout de souffle et a un peu du mal à suivre le rythme. Les zickos compensent en faisant les chorus et les refrains, mais il faut avouer que le cinquantenaire n’est pas au meilleur de sa forme. En tout les cas, SUICIDAL TENDENCIES attise toujours plus l’excitation de son public en offrant un outro hardcore à ce morceau des années 90, qu'il fait d'ailleurs durer près de 10 minutes. Bien que dispensable, le combo enchaine ensuite avec « I Shot The Devil », un titre fast punk tiré de son premier album éponyme sorti en 1983. Le frontman reprend peu à peu ses marques, mais il reste en deça de sa prestation de janvier en Belgique. La réelle nouveauté qui fait plaisir est leur morceau en hommage au frontman de BLACK SABBATH, le clinquant « Clap Like Ozzy ». Ce gros tube de World Gone Mad est définitivement savoureux, avec cette rythmique ultra rentre-dedans, cette basse qui claque, et ces soli virulents. Le pit est sens dessus dessous et ne cesse de détoner avec l’enchainement des classiques que le gang lui envoie en pleine poire. Réelles machines à circle pit, « Freedumb » et « Cyco Vision » de Freedumb (1999) font des suées au public du Download, alors que « War Inside My Head » (Join The Army, 1987) lui mobilise les cordes vocales dans la pure tradition des hymnes old school de punk hardcore. Pour la séance de jumping, le doublet final « Pledge Your Allegiance » (How Wil I Laught Tomorrow When I Can't Even Smile Today, 1988) et « I Saw Your Mommy… » (Suicidal Tendencies) montre une fois de plus la puissance de SUICIDAL TENDENCIES, même avec un Mike Muir qui n’est pas au meilleur de sa forme. Ses speeches entre les morceaux sont d’ailleurs toujours aussi positifs et combatifs, et ça reste toujours un plaisir de le voir agiter ses bras de cette façon si typique. 36 ans de skate punk, ça impose un certain respect et vu les tournées interminables qu'il se tape, on imagine facilement que la fatigue le rattrape parfois. Quoiqu'il en soit, SUICIDAL TENDENCIES reste un groupe de live, et c'est toujours aussi mortel.

Suicidal Tendencies Setlist Download France 2017 2017, World Gone Mad


‡ MASTODON
Même si le dernier opus de MASTODON est dans la lignée du précédent (Once More ‘Round The Sun sorti en 2014), il nécessite plusieurs écoutes avant d’être vraiment appréciable. Pour ce show au Download, Emperor Of Sand est donc mis à l’honneur, et les américains le défendent plutôt bien en live. Sans grande surprise, c’est le très bon openning « Sultan’s Curse » qui ouvre le bal, et le son est nickel. Cependant, force est de constater que ce show du combo ne laissera pas de souvenir impérissable dans le temps. Ce dernier album est assez en deçà de ce qu’ils ont fait précédemment, et comme la setlist est clairement accès dessus, l’impact du mastodonte est moindre. « Show Yourself », le single radio edit un peu nauséabond est quand même sympa, ce qui prouve la qualité live du groupe. Mais là où MASTODON est le meilleur, ça reste avec des titres un peu plus à l’ancienne de Blood Mountain (2006) comme « The Wolf Is Loose » et l’instrumental aussi impressionnant qu’homérique « Bladecatcher ». Seul l’épique « Ember City » représente finalement l’excellent Once More ‘Round The Sun, et c’est bien dommage. Contrairement à leur show au Hellfest en 2015 qui était pour le coup clairement orienté sur cet album, MASTODON perd un peu de sa superbe avec un live sur Emperor Of Sand. Aller, on retire quelques titres de son dernier rejeton, on remet quelques morceaux de l’album précédent (le groovy « The Motherload » ou le rentre-dedans « High Road », par exemple), et ça défoncera tout la prochaine fois. 

Mastodon Setlist Download France 2017 2017, Emperor of Sand

‡ RANCID
La tête d’affiche de la Main Stage 2 nécessitant un placement de choix, le show de RANCID sur la Main Stage 1 se regarde de loin avec un peu de regret. Globalement, les américains balancent pas mal la sauce dans l'esprit oï/ska punk, et défendent leur nouvel album Trouble Maker sorti quelques jours plus tôt. Ça fait quand même 25 ans que les hooligans maîtrisent l’art de la fiesta, on en attend donc pas vraiment moins de leur part. « Ghost Of A Chance » et « Telegraph Avenue » passent l’épreuve du live avec succès et l’immersion dans un pub irlandais authentique est réussie. Cependant, le show est tout de même un peu redondant à la longue. Mais fort heureusement, la triplette finale est un triomphe indiscutable qui nous replonge dans une jeunesse rebelle presque oubliée avec les classiques du combo. L’excellent « Fall Back Down » (Indestructible, 2003) est ultra entrainant, mais il est dommage que les plans de basse (pourtant incroyables) ne soient pas suffisamment mis en valeur. Avec le mythique … And Out Come The Wolves (1995) RANCID a signé un certain nombre de standards, et le ska punk de « Time Bomb » fait son petit effet, tout comme le final « Ruby Soho » et son refrain repris en sing along.

Rancid Setlist Download France 2017 2017


‡ PROPHETS OF RAGE
Imaginons un truc improbable : le plus grand groupe de fusion des années 90 veut de se reformer pour faire sonner sa rage à travers le monde, mais leur chanteur n’a pas vraiment l’envie. Du coup, les lascars enrôlent deux MC emblématiques qui ont façonné les deux côtes de la scène hip-hop US et décident de former le supergroupe le plus imposant que la terre n’ai jamais connu. Quoi ? C’est ce qui s’est passé ? RAGE AGAINST THE MACHINE est de retour sans Zack de la Rocha ? Et il est remplacé par Chuck D de PUBLIC ENEMY et B-Real de CYPRESS HILL ? IN-CRO-YA-BLE. Après avoir sillonné la nouvelle Amérique de Trump pour contester son élection, PROPHETS OF RAGE propage la bonne parole en Europe et réalise son premier show en France à l’occasion de ce Download 2017. C’est DJ Lord qui ouvre les hostilités en balançant un son de sirène qui inonde un public absolument impatient. Le supergroupe se met en place sur la Main Stage 2, le poing levé, et Tom Morello (guitare), Tim Commerford (basse) et Brad Wilk (batterie) envoient ce qui semble être de prime abord un petit jam entre potes. Dès le petit roulement de caisse claire, on comprend que c’est « Prophets Of Rage », le premier single de la formation sorti l’année dernière, qui va nous exploser dans la cage thoracique. Réel cris contestataire, ce titre est ni plus ni moins le « Killing In The Name » (Rage Against The Machine, 1992) de la nouvelle bande de Tom Morello. Le flow de Chuck D respire New York City à plein nez alors que B-Real, qui est coiffé comme un saoudien, rajoute sa touche chicanos typée west coast. Tom Morello semble au meilleur de sa forme, arborant fièrement un « ARM THE HOMELESS » sur sa guitare, et la base rythmique Tim/Brad est toujours aussi incroyablement solide. Musicalement, c’est du classic shit à la RAGE AGAINST THE MACHINE, et bon dieu que ça fait du bien d’avoir une nouvelle sortie de ce goût-là ! Quoiqu’il en soit, le message est clair, l’attitude limpide, et il n’y a finalement pas de débat : « Clear the way for the prophets of rage ! ». A ce moment précis, alors qu’on vient déjà de prendre une tourniole monumentale sur le coin de la gueule, on réalise vraiment qu’on se tient face une formation qui ne réunit que des légendes et que ça va monter crescendo à grand coup de RAGE AGAINST THE MACHINE dans les esgourdes (mais pas que !). Boom ! Un bon gros « Testify » (The Battle Of Los Angeles, 1999) sur le flanc droit, ou comment donner la définition d’un son qui fait jumper et dispenser une leçon de style avec un solo de jack (mais comment il fait, bordel ?!). Bam ! Un « Take The Power Back » (Rage Against The Machine, 1992) sur le flanc gauche, parfait pour imposer le flow des deux MCs sur le slap de Tim Commerford et laisser Tom Morello s’envoler dans des ritournelles dont lui seul a le secret. Vlan ! Un « Guerilla Radio » (The Battle Of Los Angeles) dans la mâchoire, et comme si ce n’était pas déjà la folie, B-Real qui lance un double circle pit (et cette basse bordel !). Le frontman de CYPRESS HILL nous rappelle d’ailleurs qu’il a déjà eu un lien avec Tom Morello et ses copains par le passé et envoi « How I Could Just Kill A Man ». Sorti initialement en 1991 sur le premier méfait de l’ancien gangster, RAGE AGAINST THE MACHINE avait repris le titre sur leur album de reprises Renegades sorti en 2000. Que PROPHETS OF RAGE la joue en live n’est finalement qu’un juste retour des choses. Pour ne pas trop perdre son auditoire dans un catalogue qu’il maitrise moins, le combo enchaîne avec le morceau d’ouverture du premier album de RAGE AGAINST THE MACHINE, le célèbre « Bombtrack ». C’est B-Real qui assure la majorité des couplets et il masterise vraiment bien le sujet. Le public est littéralement mis KO et scande « Burn ! Burn ! Yes you gonna burn ! » jusqu’à ne plus avoir de voix. Chuck D revient sur le devant de la scène avec « Fight The Power », un titre de PUBLIC ENEMY sorti en 1990 sur Fear Of A Black Planet. Clairement revisité à la sauce fusion, le morceau passe vraiment bien. Et quoi de mieux qu’un solo de guitare de Mr. Morello avec les dents, mettant bien en évidence un « FUCK TRUMP » collé au cul de la guitoche ? DJ Lord reprend ensuite sa place derrière les platines, et c’est l’occasion rêvée pour les deux maîtres de cérémonie de demander au Download s’il s’y connait un peu en classiques du hip-hop. Les deux frontmen descendent alors au plus près du public et balancent un mix US des plus léchés. « Insane In The Brain » (Black Sunday, 1993) de CYPRESS HILL fait un carton plein, de même que « Bring The Noise » (It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back, 1988) de PUBLIC ENEMY. Chuck D avait d’ailleurs enregistré une version de ce morceau en 1991 avec les thrashos d’ANTHRAX. De quoi rappeler aux plus réfractaires que le monde du hip-hop et du rock collabore déjà depuis un certain temps. Comme le veut la coutume, B-Real fait assoir le public avant de le faire jumper sur le mythique « Jump Around » de HOUSE OF PAIN sorti en 1992. Le morceau lui sied très bien et à peine le dernier « Jump ! » proclamé que Tom Morello déboule pour balancer le gros riff ultra entrainant de « Sleep Now In Fire » (The Battle Of Los Angeles). Le deuxième backdrop se révèle (un énorme poing de rébellion) et le guitariste se déchaîne encore dans un solo incompréhensible mais ô combien incroyable. La pression redescend de quelques bars lorsque le cordiste dédit solennellement un instrumental de « Like A Stone » (Audioslave, 2002) à son camarade défunt Chris Cornell. Le public n’arrive pas vraiment à suivre sur les couplets de ce hit d’AUDIOSLAVE (on est en France), mais les refrains sont tout de même assurés. Pour redonner un peu de pèche après cet interlude, DJ Lord et Tom Morello s’affrontent dans un clash de haute voltige supervisé par Chuck D. Les deux virtuoses se donnent la réplique avec technicité et jouent frénétiquement du potard. Et qui dit potard dit… « Know Your Enemy » (Rage Against The Machine) ! Dès les premières notes, ce petit frisson qui parcourt la nuque ne ment pas et PROPHETS OF RAGE nous scie complétement les guiboles avec ce morceau légendaire. Alors que le « All of wish are american dreams » de Chuck D résonne encore, on se dit qu’on peut mourir tranquille après avoir bouffé autant de puissance et de groove dans un seul morceau. Mais ça serait oublier que le combo a encore quelques cartouches à tirer et Tim Commerford enchaîne sans crier gare avec la rythmique de « Bullet In The Head » (Rage Against The Machine). Tout en suspens, c’est un peu le calme avant la tempête : B-Real assure encore la majorité des couplets et le morceau fini en apothéose sur un petit 2-step incroyablement bien amené. Pour la dernière ligne droite, on a droit à l’énigmatique « Unfuck The World », le deuxième single clipé du supergroupe. La mélodie de Tom Morello est excellente et les deux MCs se distinguent clairement de par la différence de leurs flows et leurs manières divergentes de construire les lyrics. Mention spéciale à Chuck D qui mène ses parties avec beaucoup de panache. « Bulls On Parade », le gros carton funky du deuxième album Evil Empire (1996) de RAGE AGAINST THE MACHINE, fait son petit effet avant de conclure le set sur l’intemporel « Killing In The Name » (Rage Against The Machine). Le Download est en furie et reprend le « Fuck you I won’t do what you tell me » avec toute la rage qu’il a dans ses tripes. En live, le rendu est largement meilleur que sur l’EP The Party’s Over, et ça reste globalement vrai pour l’ensemble des covers de RAGE AGAINST THE MACHINE. Forcément, à l’issu de cette tarte considérable qu’on vient de recevoir, on se pose les questions suivantes : PROPHETS OF RAGE n’est-il pas qu’un ersatz de RAGE AGAINST THE MACHINE ? La puissance de feu de Zack de la Rocha est un secret pour personne et quand on se réécoute les morceaux de la formation d’origine, on se dit quand même « bordel, il envoyait du lourd ! ». Mais peut-on vraiment reprocher à Tom Morello et sa bande de vouloir continuer sans lui ? Etant donné la carrure de ce supergroupe, la réponse est clairement non. PROPHETS OF RAGE envoie au moins autant que RAGE AGAINST THE MACHINE, c’est indéniable. On pourrait cependant se perdre en les considérant comme une reformation bancale qui profane les cendres de RATM en ne faisant que des covers de ces derniers. Et on pourrait pousser le vice en pensant que Chuck D et B-Real bafouent Zack de la Rocha en le remplaçant. Sauf que cela reviendrait à oublier que PUBLIC ENEMY a directement inspiré Zack pour faire de la musique. Un fan ultra pourrait également l’avoir mauvaise en vociférant que son groupe fétiche est intouchable et que ces deux MCs ne sont que des imposteurs. Mais quid de leurs titres orignaux ? Impossible de passer à coter, ce sont clairement des armes de destruction passives. S’il fallait ne retenir qu’une chose, c’est bien que les titres « Prophets Of Rage » et « Unfuck The World » démontrent la force de composition de ce supergroupe, sa cohérence et surtout sa puissance. On peut éventuellement comparer les covers de RAGE AGAINST THE MACHINE entre Zack et le duo Chuck D/B-Real. Mais pas les titres originaux du groupe. Le premier album de PROPHETS OF RAGE sort en septembre, et il y a de fort à parier que ça va être la bombe de l’année 2017. Pour sa première tournée, le groupe a clairement surfé sur les titres de RAGE AGAINST THE MACHINE, et c’est tant mieux. Sauf qu’avec un album en poche, la liste des covers va grandement diminuer par la suite, et PROPHETS OF RAGE achèvera de montrer à ceux qui en doutent encore que c’est la suite logique du plus grand groupe de fusion du monde.

Prophets of Rage Setlist Download France 2017 2017, Make the World Rage Again


‡ GREEN DAY
Quand on n’est pas vraiment sensible au son de GREEN DAY, on se demande bien ce qui peut justifier une plage de 2h30 pour clôturer ce Download France. Certes, le groupe a eu un impact certain sur la popularité du punk rock dans les années 2000, mais 150 minutes de show, c’est quand même beaucoup. En fait, on comprend vite comment les américains occupent le temps : à l’inverse d’un SYSTEM OF A DOWN qui enchaine ses titres à la vitesse de l’éclair, GREEN DAY fait dans la longueur en faisant constamment participer son public. Le leader Billie Joe Armstrong (chant/guitare) est plutôt insupportable avec ses « oyiho-oyiho » à outrance et passe des minutes interminables à faire venir des gens du public pour les faire chanter ou jouer de la guitare. Quand on est fan de la formation, c’est plutôt une bonne chose, mais quand ce n’est pas le cas, c’est très lourdingue. Surtout que les personnes qui montent sur scène font le taff une fois sur deux (mais quand c’est réussi, il faut avouer que c’est assez classe). Forcément, voir un show de GREEN DAY reste un sacré bond dans le temps et le titre « Holiday » nous replonge dès le début du set dans le très conceptuel mais non pas moins classique American Idiot (2004). Y’a pas à dire, ça reste sympa de se farcir quelques tubes de punk californien, mais l’entre-deux reste un peu mou du genou. Cependant, la ballade « Boulevard Of Broken Dream » passe quand même bien, la faute à Proust et ses madeleines. Pour meubler son créneau, GREEN DAY nous balance également quelque jams cà et là à coup de solo de trompette, d’impro ou de cover acoustiques (« (I Can’t Get Now) Satisfaction » de THE ROLLING STONES et « Hey Jude » de THE BEATLES). De leur dernier album Revolution Radio sorti l’année dernière, seul « Bang Bang » vaut vraiment le coup. En plus de sonner très années 2000, un petit passage typé oriental rappelle un certain THE OFFSRPING époque Americana (1998). Finalement, les seules réelles tartines restent l’excellent « St. Jimmy » et le classique parmi les classiques « American Idiot » (Proust, tout ça). Un peu comme SUM 41 à Rock En Seine en 2016 (report à lire ici), GREEN DAY nous a donc balancé un répertoire un peu niais entrecoupé de quelques tubes. Si on réduit leur set de moitié, leur show serait finalement moins indigeste et plus efficace.

Green Day Setlist Download France 2017 2017, Revolution Radio