U2 + NOEL GALLAGHER'S HIGH FLYING BIRDS | Saint-Denis | 25 juillet 2017

lundi 4 septembre 2017

Propos rédigés par Camille L. pour LES SILLONS DU STYX :


Pour les 30 ans de leur album mythique The Joshua Tree sorti en mars 1987, U2 nous offre une tournée internationale. Pour notre plus grand plaisir, ils sont venus au Stade de France les 25 et 26 juillet. En première partie, la cerise sur le gâteau : Noel Gallagher, l’un des frangins d’OASIS, chanteur/guitariste et avant tout compositeur des plus belles œuvres que le rock britannique puisse connaitre. Simplement avec ses musiciens, il nous livre une setlist variée entre les compositions de ses albums solo et des reprises d’OASIS.

NOEL GALLAGHER'S HIGH FLYING BIRDS introduit sa setlist par une de leurs compositions « Everybody’s On the Run », premier titre de l’album éponyme du groupe sorti en 2011. L’atmosphère se charge et la voix de Noel nous submerge, nous remplit les poumons : le voilà devant nous. Ce morceau est de qualité, mais je retiendrai avant tout la mise en avant vocale du frontman. « Lock All The Doors » de l’album Chasing Yesterday sorti en 2015 n’a pas de véritable valeur ajoutée, contrairement à la suivante (du même album) « In The Heart Of The Moment ». A ma première écoute de ce morceau, j’ai cru à une nouvelle chanson d’OASIS (avant bien sûr de déprimer comme à chaque fois que je me rends compte que ça ne se réalisera jamais). Par sa rythmique de départ, « Riverman » frôle honteusement « Wonderwall » (OASIS/What’s The Morning Glory, 1995) mais ne lui arrive évidemment pas à la cheville. Ce morceau est très planant, très lounge, la présence du saxo donne une dimension intéressante. Puis arrive « Champagne Supernova » (What’s The Morning Glory) magnifique comme à son habitude. Toutefois il faut bien l’admettre, pardonne moi Noel, mais ton frangin Liam la chante bien mieux. Ils continuent avec le morceau « You Know We Can’t Go Back » (Noel Gallagher’s High Flying Birds) plutôt entrainante, puis « Half The Word Away » (OASIS/The Masterplan, 1998) qu’il chantait déjà seul à l’époque d’OASIS. « Little By Little » (OASIS/Heathen Chemistry, 2002) est un morceau incontournable d’OASIS, là on reconnait leur véritable son, et Noel et son groupe l’interprètent avec qualité. Ils ne pouvaient pas partir avant de jouer le fameux « Wonderwall » (What’s The Morning Glory), et seulement à ce moment le public a commencé à porter un véritable intérêt au concert. Ils ont remis à plus tard leur pause pipi, arrêté dans leur élan leur deal avec le déssoiffeur, c’était le moment qu’ils attendaient. Tristesse je trouve mais que voulez-vous, le public est le public. « Don’t Look Back In Anger » du même album que le précédent est jouée avec sa nouvelle saveur hommage aux victimes de Manchester, et étonnement (ou pas finalement), la foule chante le refrain. Le groupe termine sur une de ses compositions « AKA…What A Life » (Noel Gallagher’s High Flying Birds).

Un artiste mythique a joué devant nous, simplement, et partage ses morceaux avec neutralité. Peu d’échange avec le public, mais une qualité sonore rare pour un stade de France. Un bon moment qui fait passer l’attente des irlandais très agréablement.

Noel Gallagher’s High Flying Birds Setlist Stade de France, Saint-Denis, France 2017



En tout cas, s’il y avait une tournée de U2 à ne pas louper, c’était bien celle-là. Pour le fan inconditionnel, cette date sera historique pour plusieurs raisons : déjà ils ont fait intégralement l’album The Joshua Tree en live, l’occasion de les voir jouer certaines de ces chansons étaient inespérée. Pour ceux qui ont déjà vu des concerts des irlandais, ils ont rien gardé de leur show à l’américaine de d’habitude. Pour le coup c’était : en toute simplicité. Une scène, une petite avancée (relative par rapport à la grandeur du Stade de France), un écran derrière eux pour diffuser des vidéos et parfois le groupe en écran géant. Aucun écran géant ailleurs dans le stade de France. Pour ceux qui voulaient voir du show, je peux comprendre leur déception, mais pour les aficionados, quel régal !

U2 arrive et Larry Mullen (batterie) joue… padapoumpoum, padapoumpoum, padapada p’ta… d’emblée « Sunday Bloody Sunday » (War, 1983) résonne dans le Stade de France. A peine le temps de réaliser qu’on a un mythe vivant qui joue devant nous qu’on se prend une droite auditive. Et on se lève, on chante, on partage dès les premières secondes. Comment fédérer et ambiancer la foule en 10 secondes… le quatuor tape fort dès le départ. Il faudra par contre les derniers riffs du morceau pour trancher : non c’est bon, je ne mets pas mes bouchons, le son devient déjà meilleur… les joies du Stade de France hein ! Ils enchainent avec « New Years Day » (War), un titre phare que je n’ai jamais réellement su apprécier, et « Bad » (The Unforgettable Fire, 1984), un beau morceau tout en montée de puissance. Bono introduit la suivante par un « Bonsoir Paris je vous aime », « Pride (In The Name Of Love) » du même album que la précédente, retenti. Nos entrailles se tordent et notre gorge s’exclame sur ce morceau intemporel et grandiose de U2.


Enfin le sujet du pourquoi nous sommes tous réunis au Stade de France : la partie live de l’album The Joshua Tree commence, dans l’ordre de l’album. Pour ceux qui le connaissent par cœur, avec hâte on pouvait chantonner d’avance la suivante. Donc forcément, « When The Street Have No Name » démarre, le riff de The Edge rend la foule complètement dingue, tout le monde chante sur le refrain, un partage énorme entre le public et le groupe. « I Still Haven’t Find What I’m Looking For », ce morceau au nom à rallonge est un grand tube du groupe, la mélodie est belle, ils jouent tout en douceur et nous donnent une couleur de U2 des plus pastels : ils nous prennent par la main et nous emmène faire une belle ballade. L’émotion est là face à « With Or Without You », ce morceau mythique joué en live devant nous. Un karaoké géant couvre le groupe et apporte un frisson qui donne toute sa raison d’être à acheter une place de concert. J’attendais grandement le morceau extraterrestre du quatuor par sa couleur indus : « Bullet The Blue Sky ». The Edge prouve encore une fois sa capacité à manier le son d’une guitare, à rechercher un son unique et créer une œuvre. On ne peut pas passer à côté de ce morceau lorsque l’on veut connaitre la palette créative de U2. Comme un instant suspendu dans le temps, d’une beauté sans pareil : « Running To Stand Still ». La petite larmichette du coin de l’œil arrive forcément sur ce morceau d’une pureté rare, un moment de grâce offert par le groupe. « Red Hill Midnight Town » et « In God’s Country » assurent la continuité, quand arrive « Trip To Your Wires » qui nous apporte la couleur country de U2, bien qu’à mon sens, ça reste un ensemble très « made in Nashville ». « One Tree Hill », « Exit » et « Mothers Of The Disappeared » clos ce live de l’album The Joshua Tree. Le groupe part sous un tonnerre d’applaudissements…


Il reviennent pour nous servir « Miss Sarajevo » (Passengers : Original Soudtracks 1, 1995). Ce morceau est issu du side project de U2 des BO de leurs films favoris, qui a fait un flop auprès du public. Ce morceau est chanté en duo avec Luciano Pavarotti sur l’album, une bande son est diffusée pendant le concert afin de le remplacer. C’est la BO originale du documentaire éponyme de Bill Carter, produit par Bono. Georges Mickael l’avait reprise (Songs Of The Last Century, 1999), et je trouve qu’elle lui correspond mieux musicalement que le duo original U2/Pavarotti. L’électrisant « Beautiful Day » et le transcendant « Elevation » du même album (All That You Can’t Leave Behind, 2000) nous reboostent en un instant. Deux des titres les plus rock de U2, devenus une référence de leur œuvre bien qu’elles soient dans les derniers albums, un exploit donc ! Pas de surprise, une énergie rock débordante et un public en sueur. Le très connu morceau « Vertigo » (How To Dismantle An Atomic Bomb, 2004) est apprécié par le public, malheureusement pas par moi, je le trouve sans saveur, un peu trop « facile » pour eux. Lors de la sortie de l’album, j’avais eu très peur à un manque d’inspiration et de niak de leur part…. je n’ai pas encore tranché la question d’ailleurs. « Ultraviolet » arrive et représente par sa superbe le meilleur album du groupe pour moi : Achtung Baby (1991) qui nous dévoile à cœur ouvert l’âme de U2. Le son unique de The Edge, le chant authentique de Bono, la rythmique travaillée par sa simplicité et son efficacité, la basse présente et appuyée… une véritable œuvre du rock. Ils continuent l’enchainement best of avec le mythique « One » (Achtung Baby). Le riff de The Edge nous caresse tout le corps, la larmichette du coin de l’œil refait son apparition. D’accord elle est très connue, mais sincèrement, elle est magnifique. Le concert s’achève sur le titre « Little Things That Give You Away », extrait de leur prochain album Songs Of Experience, qui ferait suite au dernier Songs Of Innocence sorti en 2014. Je le trouve peu attrayant, un peu trop à la « COLDPLAY » à mon sens, nous reverrons comment il passe dans la globalité de l’album.

U2 Setlist Stade de France, Saint-Denis, France, The Joshua Tree Tour 2017


Le message à retenir : U2 est là dans son plus simple appareil, un groupe qui souhaite jouer ensemble avec promiscuité et sans fioriture .Ils sont surtout là pour leur musique et la partager avec leur public… merci, merci et encore merci de nous avoir fait vivre ce moment unique de leur carrière. 

Un grand merci à Camille L. pour cette contribution.