Organisé par des membres d’ELEPHANTS, cette première édition du ROUEN HARDEST FEST s’est tenue en décembre dernier pour clôturer la saison 2016 des concerts au Hipster Café. Dans la digne lignée du Festival des Arts Bourrins (qui revient cette année après 2 ans d'absence), cet événement met à l’honneur le Hardcore et le Metal avec un panel de groupe venus des 4 coins de la France – et un du Royaume Uni. En guise de têtes d’affiche, un certain nombre de fiertés locales qui ont su s’exporter à l’international, en particulier PRIMAL AGE (présent au Sonisphère OFF d’Amnéville en 2013 et ayant déjà tourné au Japon et en Amérique du Sud) et NOEIN (qui a déjà participé au Wacken OFF en 2011). Ce ROUEN HARDEST FEST est aussi l’occasion pour LAZARE de faire son funeral show, le groupe ayant décidé de mettre fin à son histoire après 8 ans de RHC.
Comme tout bon festival qui se respecte, un certain nombre de stands étaient présents, en particulier l'asso de culture végétarienne et vegan ROUEN VEG, le distro nantais STRAIGHT AND ALERT, l'atelier de sérigraphie artisanale SANG D’ANCRE et une exposition de PSYBRIDE.
Comme tout bon festival qui se respecte, un certain nombre de stands étaient présents, en particulier l'asso de culture végétarienne et vegan ROUEN VEG, le distro nantais STRAIGHT AND ALERT, l'atelier de sérigraphie artisanale SANG D’ANCRE et une exposition de PSYBRIDE.
Annulations : ULTIMHATE, HARD MIND, MAD AT THE WORLD, EARTH TRIP
Remplacements : SUTURED, MIND AWAKE
VENDREDI 16 DECEMBRE
‡ CAVALRY (Hardcore’n’Roll, Rouen)
Prenons des bûcherons de l'Arkansas boostés au stoner et laissons-les correctement s'influencer de punk hardcore moderne : on obtient CAVALRY. Sauf que ce n'est pas outre-atlantique qu'il faut aller les chercher, mais bien dans la ville aux cents clochers. Les morceaux sont réellement travaillés et rythmés, le tout avec un son bien gras et une bonne dynamique live. Une bonne surprise !
‡ DEBASEMENT (Brutal Death/Grind, Rouen)
Mobilisé au dernier moment pour inverser leur créneau avec celui de SUTURED (à cause d’un souci sur la route de ces derniers), c’est avec un sound check des plus expéditifs que DEBASEMENT a dû combler la soirée en jouant avant son heure. Dès lors, difficile d’apprécier comme il se doit du brutal death quand on entend que le charley, en particulier sur les plans de blast beat. Néanmoins, s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas leur reprocher, c’est leur investissement sur les planches. Entre les gruiks et les growls de bonne facture, le chanteur nous avoue ne pas avoir passé sa journée sur la route pour « ne pas voir Rouen bouger son cul ». Quelques fanatiques gesticulent dans le pit, mais difficile de palier à l’immobilisme global de la salle. En somme, il faut mettre ce show de DEBASEMENT de côté et profiter d’une autre occasion pour se faire un réel avis sur le groupe.
‡ SUTURED (Hardcore Beatdown, Nantes)
Fraîchement débarqué de Nantes, SUTURED déboule sur scène pour en mettre plein la face à quiconque souhaite en découdre dans le pit de ce ROUEN HARDEST FEST. Au programme des 30 minutes qui suivent : QI-10.000, pied-tête en pagaille et side to side en veux-tu en voilà. Sous le signe de l’intelligence, ces adeptes du hardcore beatdown à bagarre prouvent une fois de plus que la scène française n’a décidément plus grand-chose à envier face à nos voisins belges. Une petite claque qui conviendra aux aficionados de XVICIOUSX et des locaux d’ELEPHANTS.
‡ HARM DONE (Powerviolence, Nantes)
S’agissant du powerviolence, HARM DONE est probablement au sommet de la scène française à l’heure actuelle. Exploitant tout ce que le crust, le grind, et le punk hardcore ont à offrir en matière de rapidité et de brutalité, le combo n’est clairement pas là pour faire dans la délicatesse. Totalement dénués de fioritures, les morceaux font généralement une minute (larsens compris), ce qui est largement suffisant pour susciter des vertiges émotionnels. Quand ce n’est pas blast beat brutal qui imprègne le cerveau d’une profonde folie psychiatrique, c’est un down tempo crasseux et dérangeant qui plonge dans l’autisme le plus béant. Sublimation parfaite d’un malaise général, HARM DONE est à la fois le bourreau qui enterre et la victime qui se terre. En d’autres termes, un ticket simple vers l’asile pour les âmes les plus sensibles.
‡ LAZARE (Hardcore, Rouen)
S’il y a bien un groupe qui incarne la scène hardcore rouennaise, c’est bien LAZARE. Depuis 2008, la bête s’est imposée comme le leader incontesté de la scène hardcore normande, exportant plus d’une fois sa rage au-delà de l’hexagone (Espagne, Belgique). Mais comme toutes les bonnes choses ont cruellement une fin, le crew estampillé 333 LIFESTYLE fait cette fois-ci son dernier show, au plus grand damn des amoureux de KDS et autres joyeusetés. « On s’appelle AS WE BLEED, c’est notre dernier concert, vive Evreux » : le ton est donné avec humour sur l’intro « Bagarre Générale » d'INFECTICIDE (à écouter ici). Cependant, ce ne sont pas moins de deux coupures de courant qui ont abattu leur sort pour ce début de mise en bière. Un funeste présage… ne faisant qu’animer la rage d’un pit bouillonnant. 10 minutes plus tard, LAZARE libère enfin les fauves sur un 2-step salvateur : « Zbra-zbra : représente Rouen Hardcore ! ». Comme à son habitude, le groupe déchaîne les passions avec son hardcore très rentre dedans et ouvertement engagé. En presque 10 ans d’existence, le style du groupe a évolué en même temps que son line-up vers un son plus crasseux, en particulier sur leur dernier album From Hate… With Love (Terrain Vague, 2016). Les titres clipés « From Allegiance To Enslavement » et « Tell To The Death » sont devenus des classiques, très influencés par la mouvance post black metal. Néanmoins, là où LAZARE reste au meilleur, c’est sans aucun doute dans le registre beatdown avec « Who Is The Beast » (Our Codes, 2011). Repris par la majorité du pit en sing along, impossible de rester de marbre face à l’efficacité de cet hymne du RHC. En hommage à leur Maxi CD LZR sorti en 2010, on a aussi droit au mythique « Put your motherfuckin’ drinks up » (x4) : de quoi faire un chorus massif et rendre nostalgique ceux qui les suivent depuis leurs débuts. Devant un Hipster Café qui s’est sauvagement battu, LAZARE a finalement rendu les armes, remerciant allégrement toute la scène rouennaise pour son investissement et son dévouement. De ses cendres encore fumantes, on peut d’ores et déjà retrouver certains membres du côté de NUISIBLE (crust hardcore) et DOLIATH (rap).
SAMEDI 17 DECEMBRE
‡ ALL IS DUST (Metal/Hardcore, Rouen)
A l’heure du goûter, le jeune groupe rouennais ALL IS DUST lance les hostilités sur un son metal hardcore plutôt frais. Fortement inspiré par la scène metalcore/deathcore (THY ART IS MURDER, CALIBAN, etc.), le groupe esquive avec succès la plupart des clichés tels que les breakdowns à outrance, les riffs trop linéaires ou les niaiseries indigestes. Bien au contraire, ça mise sur l’efficacité et le dynamisme, notamment grâce à un jeu de batterie varié, une frontwoman qui en a clairement sous le capot et quelques plans deathcore bien lourd. Le public est plutôt immobile, mais c'est pour mieux prêter son attention à leur prestation. Une affaire à suivre avec la sortie prochaine de leur 1er EP Adamitisma.
‡ BLEED FOR US (Hardcore, Le Havre)
Après un an de pause, BLEED FOR US revient casser des chevilles pour son premier concert avec son nouveau line-up. Intégrant désormais le batteur de NASTY TOASTER, le quator havrais délivre son hardcore à bagarre bien trempé, signé LHHC. Avec ses beatdowns pour manger des tibias et ses 2-step qui décrassent les avant-bras, le combo envoie du gros riff à tartines directement dans la face. « True Values » (True Values, 2015) est incontestablement leur meilleur titre, dans la même lignée qu'un «
Goliath » de BILLY THE KID (Hit Em Up, 2012). Même si sa musique sportive n'a pas attiré tout ses initiés en cette fin d'après-midi, BLEED FOR US s'est très bien remis en jambe, ce qui laisse présager des shows intransigeants pour l'année 2017.
Photographie de Welcome In A Wild World : Facebook
Depuis la sortie de Hope Is Raped en novembre 2016 (chronique à lire ici), SURROUNDED BY SINS défend pour la première fois son EP en terres rouennaises. Plutôt attendu à en croire le public qui rempli la salle, le combo déroule les 5 titres de son premier méfait tel un rouleau compresseur. Leur son est impeccable et sublime parfaitement leur blackened crust hardcore, réussissant à créer une ambiance des plus sataniques sur les plans mid tempo (voir « Doomed To Fail »). L'ode à la haine du beatdown de « Grain » fait clairement son effet, tout comme le titre très H8000 « Rebirth ». Sur le très audacieux « Dirge », le riffing ultra rentre-dedans a un peu moins d'impact que sur l'EP, mais le morceau envoie réellement en live. Pour ne pas rester sur des acquis, on a le droit a un sixième titre inédit, ouvertement orienté sur la tendance post black prise par le groupe. Scéniquement, le monstre à 2 têtes occupe tout l'espace, et c'est un réel plaisir de ne pas les voir se marcher dessus. Avec cette prestation, SURROUNDED BY SINS marque finalement un doublet après la réussite de Hope Is Raped.
Photographie de Welcome In A Wild World : Facebook
Malheureusement pour moi, je n'ai pas pu assister à l'intégralité de ce ROUEN HARDEST FEST. Cependant, il est clair que ce festival aura eu un franc succès, prouvant une fois de plus que la scène normande DIY a de belles heures devant elle.
Merci à Edouard Lefort et Welcome In A Wild World pour les photos, ainsi qu'à Visual Injuries pour les visuels.