PERSISTENCE TOUR | Torhout (BE) | 22 janvier 2017

mardi 4 avril 2017


Organisé par l’allemand M.A.D. Tourbooking, le PERSISTENCE TOUR est le grand rendez-vous annuel européen du fleuron de la scène hardcore US. Pour cette 12ème édition, SUICIDAL TENDENCIES est le grand headliner pour sa 3ème participation, suivi des habitués d’AGNOSTIC FRONT et de WALLS OF JERICHO (5ème participation chacun). Même si DOWN TO NOTHING et MUNICIPAL WASTE font leur baptême du feu, certains de leurs membres connaissent déjà bien la famille du PERSISTENCE puisque TERROR fait régulièrement parti de la tournée et IRON REAGAN a joué pour l’édition 2016.

Mais cette année, pas de passage en France pour le tour. Si on regarde un peu l’historique, seules les 2 premières éditions de 2005 et de 2006 avaient boudés l’hexagone. Depuis, le PERSISTENCE a toujours pris la peine de passer par chez nous, généralement à la capitale. Mais n’oublions pas qu’en 2010, c’est bien à Rouen que SICK OF IT ALL, BLOOD FOR BLOOD, EVERGREEN TERRACE, CASEY JONES, D.R.I., UNEARTH et CRUEL HAND étaient venu casser des chevilles. L’ironie du sort a d’ailleurs voulu que les français de VERA CRUZ ne puissent même pas jouer pour la seule date à la maison.

Pour assister à cette édition 2017 du PERSISTENCE, il fallait donc aller à 20 minutes de Bruges en Belgique, dans la salle omnisport De Maast de Torhout . Le cadre, bien que typique des concerts punk hardcore aux US, donne d'ailleurs un air frais de Ieperfest avec ses fast-food vegan, son stand Sea Shepherd et surtout la Jupiler.


STAB
Pour sa date belge, l’affiche du PERSISTENCE TOUR est complétée avec les locaux de STAB en guest. 5 minutes après l’ouverture des portes, les natifs du coin balancent leur hardcore beatdown bien de chez eux et démontrent par la même occasion que la scène H8000 est toujours aussi florissante. Il n’y a pas grand monde pour mosher à cette heure, mais leur son fait tout de même son petit effet.

STAB : Facebook | Bandcamp

MIZERY
Composé (entre autre) de membres de TWITCHING TONGUES et de XIBALBA, MIZERY fait dans le metal hardcore influencé par la fusion. Sur le papier, ça semble plutôt racoleur, mais le résultat n’est pas vraiment là. Au final, c’est du TURNSTILE pré-Nonstop Feeling (Reaper Records, 2016) en globalement mauvais. Couplé avec un son plutôt médiocre (qui rend le chant à peine audible), ce show de MIZERY n’est pas convainquant et n’incite pas vraiment à suivre l’actu des californiens.

BURN
BURN, c’est la suite du new york punk hardcore des 80’s (GORILLA BISCUITS, CRO-MAGS), mais en plus progressif (et avec une veine fusion). Néanmoins, de la même manière que pour MIZERY, le résultat est très décevant. Chaka Malik (chant) fait l’animation en gesticulant dans tous les sens comme un autiste, mais sa voix est soit à peine perceptible, soit complétement sursaturé. Pour conclure, une fausse promesse qui n’a pas l’effet escompté.

Photographie de Five Minute Fashion : Facebook / Site web

DOWN TO NOTHING
D’après Songkick, il faut remonter à 2007 pour trouver la seule et unique date française de DOWN TO NOTHING (à Paris en compagnie de STRIKE BACK et d’ONESTA). Mené par David Wood au chant (bassiste de TERROR), ce groupe de straight edge punk hardcore tourne très peu en Europe, et sa présence sur le PERSISTENCE TOUR 2017 est une raison suffisante pour justifier le déplacement en Belgique. Leur album Life On The James, sorti en 2013 sur Revelation Records, est une machine à tubes dont la positivité se savoure réellement en live (surtout les titres à 2-step « When I Rest, I Rust » et « Dirty South »). Le single très californien « Life On The James » sonne cependant moins bien que sur la version studio, en particulier à cause du chant de David Wood qui a du mal à suivre en voix claire et du son trop massif des façades qui ne fait pas honneur à la guitare soliste. Mais ça reste tout de même un réel plaisir d’entendre quelques sing along sur le refrain ultra fédérateur de ce titre. De l’excellent EP All My Sons (Reaper Records/Dead Soul Records, 2010), le groupe joue uniquement le titre « Pipeline » (avec son down tempo à moulinets). Même si cette piste est très efficace en live, « Number One » et « Monument » auraient été les bienvenues dans leur set. Sur scène, le gang virginien s’active avec énergie, mais les barrières de sécurité et la taille de la salle empêchent une certaine proximité traditionnelle avec le public hardcore. Les 30 minutes de show passent finalement à la vitesse de l’éclair et même si c’était très bien, on peut s’attendre à monter le niveau d’un cran dans une salle plus adaptée au stage diving et au sing along (ou à un Ieperfest). Quoiqu’il en soit, DOWN TO NOTHING s’adresse aux fans de BACKTRACK et de feu CASEY JONES, et leur vinyle Live On The James sorti chez Revelation Records en fin d’année dernière est un bon moyen de se faire une idée de leur positivité en live.


Photographie de Lad & Misfit Photography : Facebook


WALLS OF JERICHO
Quand il s’agit de parler de la scène hardcore US, les groupes tels que SICK OF IT ALL, HATEBREED et TERROR sont systématiquement cités, aussi bien par les aficionados du genre que par les néophytes de la scène. Aujourd’hui, WALLS OF JERICHO a indéniablement atteint ce statut de légende en devenant une des valeurs les plus sûrs en matière de show. L’énergie qui se dégage du groupe est impressionnante, avec une Candace Kucsulain (chant) qui parcourt toujours la scène toujours à 100 à l’heure sur des titres dont la force de composition est quasi inégalable dans le style. En ouverture, le très primaire « Playing Soldier Again » (The Bound Feed The Gagged, 2000), dont le rendu live est nettement plus appréciable que sur l’album, leur son de l’époque étant largement plus abrasif. Et ça sera tout (ou presque) pour les anciens titres, car WALLS OF JERICHO défend aujourd’hui le très bon No One Can Save You From Yourself, sorti l’an dernier chez Napalm Records. 8 ans après The American Dream, les patrons de Détroit cessent de tourner sur leurs acquis et proposent des nouveaux titres, dont le single « Relentless » (qu’ils avaient déjà présenté à la Belgique en 2015 à l’occasion du Ieperfest). Même si ce morceau bénéficie de chorus massifs, ce n’est pas le meilleur de l’album, alors que « Reign Supreme » et « Forever Militant » gagnent largement plus de cachet en live. Pour les breakdowns bien tapageurs, l’éponyme « No One Can Save You From Yourself » est sans concession, de la même manière que le mélodique mais non pas moins fracassant « The American Dream » (The American Dream, 2008). Le final « Revival Never Goes Out Of Style » (All Hail The Dead, 2004) est toujours aussi incroyable, Candace rejoignant le public comme à son habitude pour se laisser porter par les sing along fédérateurs. La puissance live de ce titre est absolument jouissive, tant l’émotion qui se dégage des chœurs de la salle est intense. Et tout comme un « For Those About To Rock (We Salute You) » d’AC/DC, on sait que ça sera tristement le dernier morceau de la soirée pour WALLS OF JERICHO. Une version réenregistrée est d’ailleurs disponible en bonus sur l’édition collector de No One Can Save You From Yourself. 30 minutes de show pour un groupe aussi puissant en live, c’est clairement pas suffisant tant il pulvérise tout sur son passage. Leur dernier rejeton renouvelle efficacement leur setlist, même si le grand absent reste le tubesque « Cutbird », qui a tout pour faire exploser le pit avec son refrain à 2-step.

Photographie de Lad & Misfit Photography : Facebook


MUNICIPAL WASTE
Un concert de MUNICIPAL WASTE, c’est un peu la fête à la saucisse des thrashers adeptes du crossover. En matière de riffs speedcore, les américains ont complétement l’esprit « play fast », tout en ponctuant leurs titres de mid tempo ultra entraînant. Mais là, leur show est bien en deçà de leurs performances habituelles. Déjà, les potards sont poussés à fond, et le rendu façade est beaucoup trop bourrin. « Mind Eraser » (Hazardous Mutation, 2005) perd du coup de sa superbe en titre d’ouverture, « You’re Cut Off » (The Fatal Feast , 2012) fait carrément cradingue et Tony Foresta (chant) galère sur « The Trashin Of Christ » (Hazardous Mutation, 2005). Et même si « Idiot Check » est une machine à circle pits, ce titre de The Fatal Feast (2012) n’est pas franchement folichon. Il faut attendre que Ryan Waste (guitare) nous explique, bière à la main, que la Belgique est le meilleur endroit pour jouer « Beer Pressure » (The Art Of Partying, 2007) pour que le show devienne intéressant. Et là, c’est réellement la fête à Jean-Mi qui commence, avec les tubes qui allient si bien speedcore, mélodies thrash et chorus de la salle : « Sadistic Magician », « Unleash The Bastards » (Hazardous Mutation) et pour conclure « Born To Party » (The Art Of Partying) et son éternel « Municipal Waste is gonna fuck you all ! ». Donald Trump aura eu droit à sa petite dédicace avec l’aussi rapide qu’expéditif « I Wanna Kill The President », issu de leur premier album Waste ’em All (2002). Alors même si un concert de MUNICIPAL WASTE, c’est toujours sympa, il faut reconnaître que c’était pas la grosse folie pour ce coup-là. Peut-être la faute aux litres de bières que le groupe s’est enquillé avant de monter sur scène et qu’il a continué à se mettre dans le gosier pendant le show. Et aux barrières de sécurité qui n’ont pas permis la course au stage diving. Et à une setlist pas très optimum (quid de « Intro/Deathripper » de Hazardous Mutation ?!).

Municipal Waste Setlist De Mast, Torhout, Belgium, EMP Persistence Tour 2017


 Photographie de Five Minute Fashion : Facebook / Site web


AGNOSTIC FRONT
Qu’on le veuille ou non, les occasions pour voir AGNOSTIC FRONT en concert sont légions. Entre les tournées estampillées hardcore et les open air d’été, les new yorkais écument tout les ans les planches des salles et des festivals européens. Malheureusement, ce pilier du nyhc n’est clairement pas à la hauteur de ses frères d’arme de SICK OF IT ALL. Roger Miret (chant) peine au micro, et il est difficile de savoir s’il en fait exprès ou s’il est réellement en galère. Sur CD, son chant si typique donne un certain cachet au groupe alors qu’en live, sa voix s’étouffe complétement, ne faisant que ressortir ses fins de phrases. Les seuls morceaux qui sauvent les meubles sont les titres ultra fédérateurs tels que « For My Familly » (Warriors, 2007) et « Gotta Go » (Something’s Gotta Give, 1998), où les chorus des musiciens et les sing along du public couvrent la voix du frontman. Quant à Vinnie Stigma (guitare), il est toujours au taquet, enchainant les pitreries et autre 360. Au final, il n’y a pas grand chose à tirer d'un concert d’AGNOSTIC FRONT, à moins d’être un fan ultra et de connaître leurs morceaux par cœur. Même leur cover « Blitzkrieg Bop » de THE RAMONES a un rendu live brouillon.

Agnostic Front Setlist De Mast, Torhout, Belgium, EMP Persistence Tour 2017

Photographie de Dean X Photography : Facebook / Site web


SUICIDAL TENDENCIES
2016 a été une année charnière pour SUICIDAL TENDENCIES. Non seulement le crew du frontman Mike Muir revient avec un nouvel album, mais en plus c’est avec un nouveau line-up, composé en particulier du cogneur de « Rainning Blood », à savoir l’ex-SLAYER Dave Lombardo. World Gone Mad, sorti chez Suicidal Records est d’ailleurs plutôt réussi, même si la production laisse quelque peu à désirer. Quoiqu’il en soit, un concert de SxT est toujours un petit évènement en soit, car la légende du crossover façon skate punk n’est pas en manque de hits dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Dès que le sample d’intro de « You Can’t Bring Me Down » (Lights… Camera… Revolution, 1990) est lancé, tout le monde sait dans l’assemblée qu’il va prendre sa déculottée. Les zickos débarquent enfin en lançant les pêches salvatrices du titre, et Mick Muir leur emboîte le pas en lançant son « What the hell is goin on around here ?! ». Et là, c’est parti pour le riff thrash ! Le jeune Jeff Pogan (guitare rythmique) a une pêche d’enfer, le nouveau bassiste Ra Diaz est au taquet mais surtout : Mike Muir est bien de retour ! Agitant les bras comme il sait si bien le faire, le chanteur a repris du poil de la bête et est plus en forme qu’au festival Art Sonic en 2012 (et ça fait réellement plaisir). Le pit est en ébullition, et le combo lui donne réellement de quoi se sustenter. Ça enchaine avec l'excellent titre punk 2-step « War Inside My Head » (Join The Army, 1987), dont l’intégralité des chorus sont repris par la salle. Mike Muir nous présente ensuite la superstar derrière les fûts, et ça semble être aussi bien un honneur pour lui que pour Dave Lombardo de jouer ensemble. D’ailleurs, la suite de la setlist semble taillée pour ce dernier, car c’est parti pour les d-beat punk/thrash à circle pit que sont « Subliminal » (Suicidal Tendencies, 1983) et « Freedumb » (Freedumb, 1999). L’ex-SLAYER est clairement dans son élément et donne pas mal de vitalité au groupe (même s’il est moins groovy qu’Éric Moore). Le guitariste Dean Pleasants, dans l'équipe depuis 1994, nous montre ensuite de quoi il est capable sur les soli de l’excellent « Trip At The Brain » (How Will I Laught Tomorrow (...), 1988), morceau sur lequel Ra Diaz fait claquer sa basse comme il faut. Finalement, même si SUICIDAL TENDENCIES vient de sortir un nouvel album, seul le morceau « Living For Life » le représente ce soir. Alors même si ce titre est cool, il est assez étonnant que le groupe n'ait pas choisi le single « Clap Like Ozzy » (simple mais efficace) ou « Happy Never After » (qui sonne très INFECTIOUS GROOVES). Pour le punk old school de l'éponyme de 1983 (« Possessed By Skate » et « I Saw Your Mummy »), Mike Muir invite tous les skateboarders à le rejoindre : la moitié du public inonde donc scène et le frontman se réfugie derrière les toms de Dave Lombardo. Alors même si c’est tout à l’honneur du groupe de montrer sa proximité avec ses fans, c’est tout même assez chiant de passer 2 morceaux sans les voir. D’autant plus que le temps que tout ce petit monde monte puis redescende, l’heure tourne. C’est donc déjà la dernière ligne droite et on se reprend une dose d’énergie avec l’entrainant « Cyco Vision ». Pour terminer, le crew ST balance l’irrésistible « Pledge Your Allegiance » (How Will I Laught Tomorrow) : une démonstration de style impeccable, fédératrice et absolument groovy, à l’image du groupe et de sa mentalité. En définitive, un show de SUICIDAL TENDENCIES est toujours trop court, et cette petite heure le montre bien. Mike Muir est dans une très bonne phase et ses partenaires virtuoses assurent en étant constamment en mouvement. Selon son interview pour New Noise #36, le chanteur au bandana est « réaliste » quant à son âge (54 ans) et au futur de SUICIDAL TENDENCIES. C’est donc clairement le moment de voir cette légende du crossover, car il se pourrait bien que ça ne soit plus possible dans les années à venir. ST !

Suicidal Tendencies Setlist De Mast, Torhout, Belgium, EMP Persistence Tour 2017

Photographie de Dean X Photography : Facebook / Site web


Avec une affiche pareille, il n'y avait pas beaucoup d'erreur possible pour cette édition 2017 du PERSISTENCE TOUR. SUICIDAL TENDENCIES et WALLS OF JERICHO sont absolument des machines en live, et il est en fait assez frustrant de n'en profiter qu'aussi peu de temps. Même si MUNICIPAL WASTE sait mieux faire, ça reste tout de même de la très bonne came, et les dates de DOWN TO NOTHING sont à suivre de très prêt pour essayer de les voir dans un cadre plus intimiste.

Thanks to Five Minute Fashion, Lad & Misfit Photography and Dean X Photography for the permission to use their photos !